mardi 19 mai 2015

Être mère en douleur chronique...

Élever une fillette en vivant cette douleur chronique qui m'affecte la vie est un défi. Souvent je culpabilise. La dernière fois où je me sentie "en forme", elle avait cinq ans. Elle en aura bientôt dix.

Elle m'aura vue en souffrance, médicamentée, la moitié de sa vie. Car c'est celle qui voit le mieux l'invisible douleur. C'est elle qui en est le plus proche. Cela me peine souvent.

Ceci dit, elle participe activement à ma reconstruction personnelle en compagnie de cet handicap invisible. On en parle ouvertement. C'est une force en mon coeur.

Elle m'accompagne au physio et kiné depuis ses cinq ans. La salle d'accueil de ma kiné est comme un deuxième salon et la secrétaire est sa copine. Elle est déjà venue à des conférences sur le sujet à l'hôpital et nous a accompagné lors de différents examens médicaux Elle comprend bien les réalités de la douleur chronique.

Malheureusement pour elle, ma douleur chronique fait aussi partie de sa vie. Un jour, elle m'a expliqué qu'elle entendait plein d'histoires différentes de gens avec des problèmes de santé, en ses heures à m'attendre dans la salle dédiée à cet effet. Année après année. Depuis sa naissance, le bien-être de son enfance est ma priorité. En un sens, si je regarde le côté positif, cela me permet de passer plus de temps avec elle.

Selon mon mari, en gérant mon cas comme je le fais, je lui donne un exemple de courage et de résilience. C'est une force, pas une faiblesse me répète-t-il lorsque je déprime trop fort. Je reste sceptique alors que la culpabilité me ronge un coin de cervelle.

Cette semaine, j'ai cru cependant en percevoir la force en la voyant entrer dans l'eau glacée sans broncher d'un sourcil. Sachant que la dernière plaque de glace a fondu il y a deux semaines, l'eau est ultra fraîche. Je n'ai moi-même pas le courage d'y tremper un orteil.

Mais par 25 degrés au soleil, je comprends qu'elle en ressente l'envie... En la voyant entrer et sortir de l'eau glacée sans une plainte mais avec le sourire, je me suis demandée si elle faisait là preuve de cette force dont me parlait mon mari.

Demain j'accompagne sa classe au musée. Elle s'en réjouit. Mais je sais aussi qu'elle a conscience des efforts que je déploierai pour y arriver. Des efforts invisibles qui me feront paraître normale et souriante. Pour le bien de l'enfance qui se déroule en mon mal...

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