samedi 9 mai 2015

En processus de reconstruction...


On dit que pour bien vivre sur Terre, en notre condition humaine, il faut arriver à être en phase corps/esprit. Soi disant que les gens qui trouvent le parfait équilibre corps/esprit ne tombent jamais malades!

Donc si tu es malade, c'est certainement la faute de ton esprit right? C'est de TA faute. Que fais ton esprit de si croche pour que ton corps se détraque ainsi?

Ce courant de pensée a toujours le don de culpabiliser celui qui souffre. Le discours culpabilisant que peuvent tenir certaines personnes bien portantes devant la douleur chronique a de quoi rendre malade!

Il faut avoir une volonté de fer pour ne pas succomber aux pelletées de conneries que l'on peut entendre en vivant avec un mal invisible.

À noter que ton corps peut te trahir même avec un esprit en parfaite santé. Tout comme posséder un corps en pleine santé physique ne garantit pas la santé mentale...

Souvent, pour mieux laisser glisser la connerie, je me dis: "Ouais, faut toujours mieux entendre ça que d'être sourd!". L'expression préférée de ma mère-grand pour faire glisser la connerie humaine en sa vie.

Mais quand même, les mots blessent. Et de l'incompréhension, enrobée d'ignorance, viennent souvent les mots blessants. Le pire c'est qu'ils blessent emplis de bonne volonté. Celui qui les professe ne veut pas notre mal, au contraire il veut notre bien. De quoi faire se retourner le coeur et la cervelle à l'envers!

La race humaine est complexe et ses relations sont fascinantes. Bref, j'ai passé une séance de psy, à la clinique de la douleur, à évacuer mes multitudes frustrations sur le sujet. Cela m'a fait un bien fou.

Pourtant, je le sais bien que l'humanité recèle des trésors de conneries mais là, à essayer de vivre l'esprit sain avec un visage coupé en deux, lacéré de névralgies quotidiennes, je me sentais dangeureusement fléchir...

François, de son ton calme et posé m'a dit: "Toutes les théories que tu es malade par ta faute, c'est n'importe quoi. C'est comme dire à un introverti qu'il a attrapé le cancer de la gorge parce-qu'il n'arrive pas à s'exprimer. C'est n'importe quoi. Si c'était le cas alors tous les introvertis de la Terre attraperaient le cancer de la gorge!" 

Cher François, vous me manquez! Ce psy, en six séances, a su me faire bondir d'au moins deux ans en mes apprentissages de la douleur.

En sortant de son bureau, j'avais toujours l'impression d'avoir eu droit à une séance avec un coach de vie plutôt qu'un psy. Je me sentais forte et régénérée. Cette micro thérapie a eu le don de me rassurer en ce qui concerne ma santé mentale.

Chaque jour, je vis avec la trahison de mon corps et avec la volonté d'en renforcer mon esprit. Ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort dit la sagesse populaire et je soupçonne qu'elle ait raison.

Aussi, sachant que mon corps me trahit (de façon fort original ma foi), j'ai deux choix. Soit j'en fais un gros plat. Je pète un coche, je fais pipi par terre, je me roule dedans, je hurle mon désespoir, bref c'est la fin du monde et je croupis en mon jus apocalyptique.

Soit j'accepte le défi qu'offre cette trahison et j'en profite pour approfondir mes connaissances humaines, utiliser mon intelligence à bon escient, raisonner l'épreuve et la traverser en devenant plus forte mentalement...

Un jour que je pleurnichais à l'homme de mon coeur que la douleur me déconstruisait la vie et faisait de moi une ruine, il a évoqué l'idée que si reconstruction il devait y avoir, alors autant reconstruire en mieux...

Et c'est à ce moment précis que j'ai perçu la possibilité d'amélioration pour la première fois. Je ne pourrai jamais redevenir comme avant mais peut être que je pourrais devenir meilleure qu'avant?

Après tout, ce qui s'apprenait en douleur chronique s'appliquait à la vie en général. Je n'étais pas du tout heureuse d'apprendre de cette façon là mais bon, l'important n'était il pas d'y percevoir l'opportunité d'apprendre et de grandir?

En ces quatre dernières années, je me suis parfois perdu l'esprit par phases de douleur intense. L'hiver, je sais que suis plus fragile à la dépression contextuelle qui accompagne la douleur accentuée. Je sais comment elle peut me bouffer l'être (qu'elle avale tout cru) si je la laisse faire...

J'ai aussi réalisé qu'accepter mon sort était la seule façon de rester moi-même. En fait, je sais qu'après m'avoir déconstruite, je dois accepter la douleur et me reconstruire avec elle. Alors quitte à faire, je compte reconstruire en mieux!

Et je décide même que puisque c'est comme ça, je vais utiliser cette douleur physique comme un outil de croissance personnelle. Histoire de lui faire un pied de nez! ‪#‎backinyourfaceyoufuckingpain‬

C'est un processus en cours et je remercie les esprits courageux qui désirent prendre leur douleur en main et accompagner ce processus.

En espérant que ce processus se collectivise. Je veux croire qu'à démontrer qu'il est possible de gérer la douleur en une vie ralentie par l'épreuve.

Et d'être heureux malgré tout. L'on pourra, de cette façon, en diminuer les préjugés et incompréhensions qui entourent les réalités ignorées de la douleur chronique.

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