mercredi 15 avril 2015

À vous qui passez par là...



Depuis quelques mois, je reçois de plus en plus souvent des courriels et des commentaires de personnes fidèles à ce blogue de douleur. Ce soir là, en lisant l'un deux, coulent ces larmes que je ne peux retenir. Ma sensibilité est à fleur de peau. Mais ces larmes n'affaiblissent pas l'être qui les ressent, elles le renforcent...

À vous qui m'écrivez si gentiment, j'adresse ces mots qui suivent...

Tout d'abord, je tiens à vous remercier de prendre la peine de communiquer avec moi. Vous qui venez ici régulièrement. Vous qui venez picorer ces mots partagés. Merci d'en apprécier l'effort d'écriture.

À tous ceux qui m'ont écrit que mes textes leur donnaient de la force, je leur remercie d'en avoir partagé l'émotion avec moi. Car c'est une émotion boomerang, elle me donne aussi la force de continuer à documenter ce processus dans lequel je me suis engagée. Celui d'apprendre à vivre avec un visage coupé en deux...

Inconnu(e)s aux douleurs diverses qui m'expliquent combien je les aide en exposant les réalités de la douleur chronique, je vous remercie de m'en faire part. Cela me touche. Et cela m'aide aussi.

J'avoue cela me déconcerte un peu parfois. Enfin, je me dis qu'au moins je ne me vulnérabilise pas pour rien. Et manifestement je ne suis pas dans le champ...

Dernièrement, un fils m'a contacté via Twitter pour me parler de sa mère qui trouve force et courage en mes textes. Et cette même semaine, une mère m'écrit pour me dire qu'elle encourage son fils à lire ce blogue afin qu'il puisse mieux comprendre ce qu'elle vit. Merci.

Merci à Jessica, Sylvianne, Diane, Sab, Marion et les autres dont les mots soufflés m'ont touché en plein cœur.

Dans la foulée, je me demande combien de mes proches et amis prennent la peine d'en lire les lignes. Je préfère ne pas trop y penser. Histoire de m'éviter de me faire du mal.

D'un coté, je suis heureuse de pouvoir aider autrui en partageant mon cheminement personnel et de l'autre cela me déstabilise un peu. Un jour, j'espère que j'aurais assez cheminé en cette condition pour ne plus devoir écrire sur le sujet. Ce jour là, je pourrai enfin reprendre en main mon blogue préhistorique, mis en veilleuse, pour raisons de santé.

Si je ne réponds pas vite à vous qui m'écrivez, je m'en excuse. En cette gestion de douleur qui est mienne, je dois en gérer les différentes énergies. Aussi il arrive souvent que j'utilise tout mon quota pour écrire et partager ici. Ensuite je suis vidée. L'énergie pour répondre est aspirée en d'autres sphères de ma vie quotidienne.

À chaque mot que je reçois, j'ai en mon coeur une reconnaissance qui le réchauffe. Merci de me donner du courage à l'âme en partageant le bien que vous ressentez à vous perdre les idées par ici...

Dominons la douleur en formant une armée de vainqueurs

Ceci dit, chaque inconnu(e) qui passe entre ces lignes et se dévoile met en lumière le mensonge de cette solitude que l'on ressent à vivre avec la douleur chronique. Et je suis toujours contente de faire sa connaissance.

Merci de m'encourager ainsi à continuer de témoigner ici. Même si certains jours, cela me peine ou cela me frustre d'en être rendue là. À écrire sur la douleur chronique, à documenter mon cheminement en son royaume...

À vous qui m'écrivez pour me remercier de vous encourager en votre galère, je vous souhaite de trouver en vous cette force intérieure qui met la douleur à terre.

En mes fantasmes les plus fous, je rêve de voir émerger une armée de guerriers et de guerrières qui prendrait à bras le corps cette condition particulière.

Une armée qui ne ressentirait plus la honte ni la haine de vivre avec la douleur chronique. Une armée d'âmes battantes prête à lutter pour comprendre, expliquer et illuminer. Illuminer l'obscurité humaine dans laquelle nous entraîne une condition peu connue et mal comprise.

Une condition douloureuse enrobée de préjugés et d'ignorance qui font naître toutes sortes de jugements blessants. Des jugements, de l'inconfort, du déni, de l'indifférence froide, c'est fascinant de voir comment chacun réagit à la douleur physique de l'autre. Comment il en gère l'impuissance qui en découle.

Ce qui est certain c'est que personne n'y semble à l'aise. Ce que je comprends parfaitement. Mais ce n'est certainement pas une raison pour en cultiver le tabou!

À tous ceux qui passent par là, sans y être poussé par la douleur chronique, sûrement un peu par hasard ou pour essayer de mieux comprendre un proche en douleur permanente, je vous souhaite de pouvoir vous ouvrir assez l'esprit pour imaginer l'inimaginable. Imaginer le contre-nature. Imaginer le cauchemar invisible.

Pour commencer, il vous suffit d'imaginer la dernière fois où votre corps vous a fait vivre une douleur  physique mémorable et ensuite si elle n'a pas eu besoin de morphine pour la calmer, multipliez la par dix, puis imaginez qu'elle ne disparait plus. Il suffit juste de faire un effort d’imagination pour apercevoir la dimension étrange dans laquelle toute personne atteinte de douleur chronique se doit de vivre.

Et n'oubliez pas, ce n'est pas parce-que vous ne l'avez pas vécu que cela n'existe pas...


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