samedi 13 décembre 2014

Tous dans la même galère...

Chaque matin, ou je me réveille avec la douleur faciale, ou elle me réveille. Selon l'heure de ma dernière prise d'opiacés. Inlassablement. Chaque $#&*$/% de matin je dois trouver un moyen de m'entendre avec elle pour trouver le courage d'avancer.  Pour trouver la volonté de vivre.

Depuis bientôt 4 ans, chaque matin est une torture silencieuse. Une épreuve plus douce depuis que l'homme accompagne mes aubes. Déjeuner ensemble. Prendre mes médocs. Méditer. Me sentir moins seule dans l'épreuve. Affronter. Puis l'enfant se lève et la routine du jour embarque...

Publiquement, si je n'en exprime pas la chose, c'est une épreuve inexistante. Invisible. C'est troublant. Troublant de savoir qu'il suffit que je souris, que je parle des choses que tout le monde comprend, que je surmonte l'enfer de mon visage coupé en deux pour que personne ne se rende compte de rien. En soi mieux vaut ça que d'être défigurée. Que d'avoir l'air d'un cauchemar ambulant.

Cela me permet de passer inaperçue. Malgré toutes ces sensations qui me cisaillent le visage. Cela me permet d'évoluer en société en toute impunité. Et en même temps cela m'éloigne des autres intérieurement. Car les autres préfèrent ne rien savoir. Majoritairement. Tant que je souris et que je gère. Tout va pour le mieux. Ainsi va la vie. Cela me trouble.

Je comprends que c'est une condition exceptionnelle. Que beaucoup ne savent quoi dire. Que cela se situe dans l'inimaginable collectif. Je comprends. Et cela m'attriste. Alors pour contrer la tristesse mentale, pour supporter cette douleur physique, et y survivre, je me console entre deux tournesols. En une bouffée de lac, en l'amour de l'homme et de l'enfant, en l'amitié qui réchauffe nos humanités.

J'attrape cet invisible filet à papillons qui me permet d'accrocher quelques inspirations. Et je sais que derrière la faiblesse physique réside une force intérieure. Une force que je perçois comme jamais auparavant. Je grimace, parfois je résiste, parfois je frustre, parfois je tombe.

Mais toujours je me relève. Et à chaque fois que je me relève, je comprends mieux ce fameux dicton qui affirme que tout ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort...

La solitude de la douleur, l'appel invisible...

Toutes les maladies de ce monde sont solitaires. Elles isolent tous à leur manière. En cette quête de santé et jeunesse perpétuelle qui mène notre société moderne, la maladie est une tare. Pourtant les sages disent que ce n'est pas le cas.

Les plus effrontés diront même que c'est une bonne façon de grandir. De mûrir. D'apprécier de nouvelles perspectives. Mais à quoi sert-il de grandir seul? répondront les plus sceptiques. Les autres rétorqueront que c'est en grandissant qu'on inspire le mouvement, en débroussaillant des chemins de compréhensions. En partageant les réflexions. Hummmm.

Toutes les maladies sont solitaires. Celles qui sont mortelles et les autres aussi. À la base, la vie est mortelle. Duh!

Même en se bourrant la face d'Omega 3, en évitant le gluten et en faisant du sport, on finit tous par y passer! D'une façon ou d'une autre. La mort fait si peur. On préfère l'oublier, la rejeter d'un revers de pensée, se faire croire qu'on ne dépérira jamais. Et c'est à chaque fois une surprise. Oh My God! La mort a frappé.

L'entourage se rappelle alors qu'un jour aussi son tour viendra. C'est le tremblement de terre existentiel. On nait. On vit. On souffre. On jouit. On fait de son mieux ou de son pire, c'est selon. Parfois un peu des deux, parfois pire, parfois mieux. Ça dépend des uns et des autres.

On vit. On rit. On apprend. On pleure. On s'éclate. On désespère. On vit ou on survit. Des fois l'un, des fois l'autre. Certains mieux lotis que d'autres. On se reproduit. Ou pas. On se jalouse. On s'entraide. On s'aime. On s'haït. On se détruit. On se construit. On se prend la tête.

On comprend tout ou on comprend rien ou juste un peu. On vit. On grandit. On vieillit. On meurt. Tous dans la même galère. Depuis la nuit des temps.

Pourquoi tant de déni et de terreur devant la maladie ou la mort? La maladie et la mort ne font-elles pas partie intégrante de la texture de nos humanités?

Est-ce que la majorité des gens sont en santé? Sans maladie aucune? Ou est-ce que la plupart mentent? Se cachent? Portent un masque? Mais je m'égare...

Je réalise aujourd'hui à quel point la maladie effraie. Combien elle peut rendre l'humain monstrueux. Les malades mais, aussi la société, l'entourage. Nous tous.

2 commentaires:

  1. Merci de votre partage et d'exprimer haut et fort ce que tous nous ressentons!

    RépondreSupprimer
  2. Merci de partager ce vécu qui est celui de toute personne souffrant de douleurs chroniques!

    RépondreSupprimer