jeudi 31 octobre 2013

Trouver le guerrier en soi...

Les six premiers mois de ma paralysie faciale ont été un long paroxysme infernal. La douleur faciale était si intense. Quasi surréaliste. La moitié de mon visage était ravagé.

C'était comme dans un mauvais film d'horreur. Comme si l'on m'avait injecté une colonie de nano-araignées pour me grignoter le nerf facial. Il paraît que lorsque le nerf facial est blessé, il peut offrir les pires douleurs humaines. Ce qui est certain c'est que c'est pire que d'accoucher!

Ainsi j'ai appris que l'humain pouvait éprouver de puissantes douleurs physiques sans en mourir. On peut finir par avoir envie de mourir mais en soi la douleur ne tue pas. Elle torture. Ainsi j'ai eu l'impression d'entrer en un univers à la Hellraiser avec mon nerf facial comme réalisateur.

Accompagnée de forts opiacés comme armes de combat, j'ai survécu à ces six premiers mois. J'ai survécu à l'attaque initiale. Mentalement je me suis battue comme une lionne. Mon visage a retrouvé sa mobilité. D'un point de vue extérieur j'avais gagné la guerre. Mais c'était sans compter sur les séquelles que cette guerre a laissé sous ma peau.

Alors que mon visage retrouvait sa normalité, la douleur prenait demeure. Elle progressait quand même vers le mieux (sans pour autant vouloir lâcher prise). La progression a duré une grosse année puis elle s'est mise à stagner.

Deux ans plus tard, j'ai commencé à réaliser que ce qu'il en restait s'installait. Deux ans et demi plus tard, j'ai compris que je faisais maintenant partie du clan de la douleur chronique. Je dois apprendre à vivre avec. Tout un programme...

La bonne nouvelle c'est que les paroxysmes se font plus rares. Je comprends mieux le mal. Je le gère. J'apprends à le contrôler avec l'objectif de le maîtriser.

La mauvaise nouvelle c'est que cela fait tout le temps mal. Mon visage est désormais coupé en deux et le côté gauche m'évoque un scénario post-apocalyptique.

Je suis passée de l'enfer à la Hellraiser aux Walking Dead. C'est quand même mieux.



Au moins je peux m'imaginer en Michonne (avec son air rageur, ses muscles saillants et son Katana levé) plutôt qu'en pauvre victime accrochée par la peau à quelque pieu maléfique pour le plaisir de démons sadiques.

C'est beaucoup mieux. Elle est cool Michonne, c'est une survivante.

Elle est pas commode et elle ne se laisse pas faire. Elle est forte et convaincue. Sa vie n'est pas facile tous les jours mais elle avance. Elle se reconstruit même si elle se bat quotidiennement. Elle serre les dents et refuse la pitié. C'est une guerrière. Et je l'adopte en mes idées pour m'aider à lutter...

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire