jeudi 13 novembre 2014

Matin après matin...

Chaque matin, je me réveille avec la douleur faciale ou elle me réveille. Selon l'heure de ma dernière prise d'opiacés. Inlassablement. Chaque $#&*$/% de matin, je dois trouver un moyen de m'entendre avec elle pour trouver le courage d'avancer. Et surtout pour ne pas penser que cela pourrait être ainsi pour le reste de ma vie!

 Depuis bientôt 4 ans, chaque matin est une épreuve silencieuse. Une épreuve plus douce depuis que l'homme accompagne mes aubes. Déjeuner ensemble. Prendre mes medocs. Méditer. Me sentir moins seule dans l'épreuve. Affronter. Puis l'enfant se lève et la routine du jour embarque...

Chaque matin le même défi. Celui de surmonter les innombrables sensations douloureuses que générera mon nerf facial. De la subtile rage de dents à la névralgie occulaire. En passant par les multiples tiraillements, crispations, pulsions et engourdissements de cette moitié de visage endommagée.

Ce nerf blessé, aussi moteur que sensoriel, possède une incroyable variété de manifestations douloureuses. Si ce n'était pas une torture qu'il en découle, je pourrais en écrire un véritable roman d'horreur. En une dimension parallèle...

Avec ces sensations douloureuses viennent aussi les émotions qu'il faut contrôler. Chaque matin le même défi. Celui de contrôler les pensées générées par la douleur physique. Nul doute que la méditation aide à gérer ce côté du mal.

Publiquement, si je n'en exprime pas la chose, c'est une épreuve inexistante. Invisible. C'est troublant. Troublant de savoir qu'il suffit que je souris, que je parle de ces choses que tout le monde comprend, que je surmonte la douleur pour que personne ne se rende compte de rien.

En soi mieux vaut ça que d'être défigurée. Que d'avoir l'air d'un cauchemar ambulant. Cela me permet de passer inaperçue. Malgré toutes ces sensations qui me cisaillent le visage. Cela me permet d'évoluer en société en toute impunité. Et en même temps cela m'éloigne des autres intérieurement. Car les autres préfèrent ne rien savoir. Majoritairement. Tant que je souris et que je gère. Tout va pour le mieux. Ainsi va la vie.

Cela me trouble. Je comprends que c'est une condition exceptionnelle. Que beaucoup ne savent quoi dire. Que cela se situe dans l'inimaginable collectif. Je comprends. Et cela m'attriste.

Alors pour contrer la tristesse mentale, pour supporter cette douleur physique, et y survivre, je me console entre deux tournesols. En une bouffée de lac, en l'amour de l'homme et de l'enfant, en l'amitié qui réchauffe nos humanités. J'attrape cet invisible filet à papillons qui me permet d'accrocher quelques inspirations. Et je sais que derrière la faiblesse physique réside une force intérieure. Une force que je perçois comme jamais auparavant.

Je grimace, parfois je résiste, parfois je frustre, parfois je tombe. Mais toujours je me relève. Et à chaque fois que je me relève, je comprends mieux ce fameux dicton qui affirme que tout ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort...

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire